Articles
Science and societies
Figuig, la pénurie d'eau

Les sources en eau de Figuig sont toutes situées dans le Haut-Figuig. L'eau souterraine est alors drainée jusqu'au Bas-Figuig à travers iflanes, appelés khettara au Maroc.

Encore jusqu'au siècle dernier, les sources en eau étaient abandantes avec un suffisant débit d'eau. La source Tzadert à Zénaga, au plus haut débit, en a perdu environ trois quarts. La source Meghni constate une baisse de débit de 50%. Avant le début de la grande sécheresse en 2008, Tzadert avait un débit qui dépasse 80 litres par seconde, contre 18 litres actuellement , selon l'Asrayfiy Majid Bouli.

Avec la baisse de débit des sources, on a moins d'eau pour l'activité phoénicicole et l'agriculture vivrière dans les jardins, qui couvre 650 hectares sur les 1800 hectares cultivables que compte Figuig.

Un nouveau système d'irrigation, le goûte à goûte, est largement utilisé par toutes les extensions de Figuig, y compris El-Arja, qui font ensemble une superficie qui dépasse 1000 hectares.

À Figuig, on veut toujours produire des dattes. Les plus humides Taâbdount , Boufeguousse et Aziza sont les premières à être affectées par le manque d'eau. Lâssiane en souffre moins. Mais Afroukh n'Tijjent, plus résistant à la sécheresse a disparu à cause du Bayoud.

Depuis 2012, le barrage Sfisaf , d'une capacité de retenue de 20 millions de m3, a apporté aux fellahs une contribution précieuse en eau d'irrigation, au prix 0.5 dirham le mètre cube.

Mais selon Mohamed Noceir, président du Conseil local de l'eau, une fédération constituée de 12 associations qui gère ce système de distribution, «il n'y plus d'eau dans le barrage», précis-t-il.

À El-Arja, même après la spoliation algérienne du 18 mars 2021, on continue à y investir et irriguer au pompage solaire. Mohamed Noceir estime que ces investissements ne respectent pas la capacité de la nappe de Figuig et ne prennent pas en compte la réalité de l'assèchement des sources et du barrage. «On va bientôt s'approcher de 2000 hectares, comme superficie globale des plantations, y compris les 650 hectares originaux de l'oasis.», souligne-t-il.

Le barrage de Rkiza, non loin du barrage Sfisaf, a été mis en service en 2015, d'une capacité de retenue de 26 de millions de m3. Mais il n'est pas encore connecté à l'oasis de Figuig.

Voici les résultats des études de l'hydrologue Abdelhakim Jilali sur les ressources hydriques dans le Grand Figuig. À El-Arja, entre 2008 et 2012, le niveau statique de la nappe variait entre 4 et 10 mètres. Actuellement, il est situé à entre 30 et 60 mètres. Pour les mêmes dates, dans la zone Berkoukès , ce niveau est passé de entre 30 à 42 mètres à entre 75 à 90 mètres, donc une chute qui dépasse 50 mètres.

Un rapport du ministère de l'Energie sur les oasis au Maroc prévoit une baisse des précipitations entre 10 et 30% et une augmentation de la température variant entre 1.4 et 1.8 entre 2021 et 2050, par rapport à la période allant de 1971 à 2000.

Ceux qui sont intéressés et concernés par ce stress hydrique au Grand Figuig ne manquent pas. Abdelhakim Jilali et le professeur Abderrahmane Harradji étudient le problème de la recharge des aquifères de la la nappe de Figuig qui compte superficie de 327 km2. Mais Ils nous annoncent déjà qu'à partir de 2034, on pourrait à peine faire augmenter le niveau des ses eaux souterraines de 1.7 mètre.

Le stress hydrique avance, l'eau devient précieuse.

-- Abdurrazzak Ajaja
octobre 2022