L'Égypte d'oum Kalthoum
L'effort de guerre

1. Oum Kalthoum, l'indispensable

Le 17 Septembre 1944, c'était la nuit de l'Aïd al-Fitr. À l'occasion de cette cérémonie, Oum Kalthoum chantait « O la nuit de l'Aïd» au club de An-Nadi Al-Ahli. Le roi Farouk est entré dans la salle. Oum Kalthoum a alors improvisé et a ajouté des mots à la chanson en faveur du roi Farouk.

Le roi Farouk I était un fan d'Oum Kalthoum. Il a décidé alors de lui accorder « la grâce de la perfection». Au sein de cette famille royale gouvernante, il faut bien la mériter. Accorder ce préstige à une fille d'un fellah a ébranlé toute cette famille, surtout les princesses turques sur place.

L'oncle de Farouk, sharif basha sabri, projettait se marier avec Oum Kalthoum. Personne en Égypte ne voulait de cette histoire. Ni le peuple , ni même la famille royale, sauf le roi Farouk lui même. Rapprocher Oum Kalthoum du palais, c'est gagner tout le peuple égyptien. Le refus officiel de se mariage vient de la famille royale. Pour vaincre cette décision familiale, le roi Farouk trouvera plus tard la solution de la « décoration» d'Oum Kalthoum.

En fait, cette décoration n'a pas servi à Oum Kalthoum. Oum Kalthoum était forte et imposante par sa voix. Cette manifestation profitait plutôt pour Farouk qui assiste aux retour des distinctions à partir des princesses et de montrer qu'il était le roi unique du pays.

Sous l'occupation militaire britannique, la défense et l'armement ne pouvaient pas être la priorité pour Farouk. La guerre de la Palestine entre Israel et l'Égypte en 1948 se solde par un échec. Ce qui amène alors un coup d'état militaire et la fin du règne de Farouk le 23 juillet 1952.

Quelques hommes de la révolution des officiers libres consiéraient qu'Oum Kalthoum a chantait « l'époque anéantie » et qu'elle avait reçu de Farouk la plus haute distinction. Ils ont décidé de ne plus diffuser ses chansons à travers les ondes de la radio et que Laila Mourad soit la première chanteuse de l'Égypte.

En fait, Oum Kalthoum a chanté plusieurs fois pour la gloire de son pays, pour une égypte victorieuse , pour l'armée et même pour les soldats piégés pendant la guerre de la Palestine, à Al-Falouja en 1948. Personne ne peut rien lui reprocher.

Le 6 avril 1953, le secrétaire de l'ambassade d'Arabie Saoudite, au Caire, a envoyé une lettre au président Mohammad Najib, directeur général du conseil de la direction de la révolution. Il lui demande, de façon non officielle, que la révolution ne confisque pas des fonds d'Oum Kalthoum.

Dans l'entête de cette lettre on trouve: Après l'approbation de Sa Majesté le Roi Abdul-Aziz d'intervenir dans cette affaire, il m'a chargé de manière non officielle, de vous informer à propos de ce sujet très difficile; qui nous a appris que prochainement une décision sera prise par le conseil de la direction de la résolution qui est la confiscation des fonds du Professeur Mohammed Abdel Wahab et de Madame Oum Kalsoum et de leur limiter la résidence, ainsi comme le rapport le mentionne qu'ils étaient des chanteurs de «l'ancien temps ».

Dans cette lettre , le secrétaire ajoute: Ceci n'est pas une ingérence dans toute décision qui est dans l'intérêt de la nation, mais c'est une opinion et un conseil que cette question aura un impact majeur sur les peuples arabes et égyptiens en particulier et donnera une très mauvaise impression au sujet de la révolution.

Sans l'intervention du Roi Abdulaziz Al-Saud, il se pourrait que la direction de la révolution, de vue courte, ait commis une de ces pires folies. Abden-Nasser dirait plus tard que « Si Oum Kalthoum était de l'ancien temps, les pyramides et le Sphinx le seraient aussi !».


Depuis 1946, Oum Kalthoum était élue indiscutablement chef du syndicat des musiciens. Du à sa stature, elle a gardé ce poste jusqu'en 1952. Mais ces officiers libres persuadaient Mohammed Abdul Wahab de se désigner pour la concurrence d'Oum Kalsoum.

Toutes ses histoires ne plaisaient pas à Oum Kalthoum et décida de se retrancher de l'art et de se retirer pieusement dans sa maison.

Ce sont plutôt les peuples arabes qui se demandaient: Où est-elle ?
Abdel Nasser, premier ministre adjoint de Mohamed Najib, puis président de la république a compris qu'il fallait agir vite. Il n'avait pas le choix. Il fallait corriger cette situation maladroite. Il avait compris que c'est Oum Kalthoum, par sa voix, qui est bien la plus puissante pour soutenir la révolution . Il a décidé de rediffuser ses chansons, et même de lui financer complètement son hospitalisation à Maryland au États Unis sous un départ officiel en présence d'Anwar As-sadate.

Après la guerre des six jours, Gamal Abden-Nasser, en 1967 reconnait sa défaite et demande à Oum Kalthoum de l'aider à mener dorénavant une guerre longue. Il lui demandait en fait de remonter le moral des égyptiens et d'entreprendre l'effort de guerre pour le pays. Elle a reçu un passeport diplomatique en guise d'appréciation de son rôle et du fait qu'elle était considérée l'ambassadeur d'Égypte pour diffuser l'art.

2. Oum Kalthoum, l'effort de guerre

On retient que l'effort de guerre est la mobilisation d'un pays afin de subvenir aux besoins militaires d'un état. Après la guerre de six jours, pour l'éqypte, c'est Oum kalthoum qui est le principal contributeur.

Oum Kalsoum n'a pas pris un seul dollar de toute la recette de la collecte de fonds qui a duré quatre ans au béénéfice de l'effort de guerre après la défaite de 1967.

Elle a caché sa tristesse et son amertume pour la défaite et pour la campagne de dénigrement injuste contre elle. Certains prétendaient que «Les Arabes ont perdu la guerre à cause de Oum Kalthoum» , sous pretexte que ses chansons d'amour , d'émotion et de passion produisent le même effet que les drogues.

« Si je suis la cause de la défaite, alors je suis prêt àme retirer de l'art» , a -t-elle dit. Cette déclaration stupide et absurde a causé à Oum Kalthoum une tristesse et une dépression et a décidé de se replier dans sa villa à Az-Zamalek.

Cet évenement a ennuyé Gamal Abdel Nasser, un amanteur de sa voix. Malgré l'amertume de la défaite, l'atmosphère de tristesse et de la morosité, il l'a contacté pour lui affirmer sa consolation, son soution et son support contre ces fausses rumeurs et potins.

Oum Kalthoum renonce alors à sa retraite et se considère un soldat , par sa voix, dans un champ de bataille pour défendre l'Égypte et motiver les gens et booster les volontés.

Oum Kalthoum fait don de tous ses concerts pour l'effort de guerre et a soulevé le slogan «l'art pour l'effort de guerre» . Cette initiative est le plus importante de toutes les initiatives des écrivains et des artistes.

Oum Kalsoum a été la première à faire un don de ses bijoux. Elle a parcouru les villages et les villes du pays, chanter l'Égypte afin de collecter de fonds pour l'effort de guerre. Elle était la patriote et la militante qui a combattait avec l'arme la plus affutée qui est l'art.

Le plus haut revenu pour les concerts réguliers d'Oum Kalthum ne dépasse pas 18 mille livres égyptiennes. Mais avec le premier concert en faveur de l'effort de guerre dans la ville de Damanhour, elle a recueilli 80,000 livres égyptiennes.

En Alexandrie les recettes de son concert en plus des dons recueillis étaient de 100 mille livres, et 40 kilogrammes de bijoux d'une valeur de 82 mille dollars.

À Mansoura une recete de 125 mille livres et à Tanta 284 mille livres.

Oum Kalthum ne s'est pas contenté de ses concerts au pays, elle est allé à Paris et a fait un récital le 18 Novembre 1967 à l'Olympia, pour une recette de 14,000 livres sterling. Les revenus de tous ses concerts à Paris ont atteint la somme de 212,000 livres sterling.

Elle fait un voyage au Koweït, à Abou Dhabi, au Liban, au Pakistan, en Tunisie, au Maroc (36 mille livres sterling), à Khartoum, à Bahreïn, en Irak et en Libye.

Avant que l'année 1970 soit fini, Oum Kalsoum avait recueilli pour l'effort de guerre, plus de 3 millions de dollars. Aucun dollar n'est entré dans sa poche malgré toute la détresse et les souffrances le long de ses voyage pour elle qui a dépassé l'âge de 68 ans.


La représentation donnée par Oum Kalthoum à l'Olympia, est la seule qui est donnée en dehors du monde arabe. c'était une représentation à laquelle assistèrent des français, des résidents arabes, surtout maghrébins, plusieurs princes du Moyen-Orient, le roi Hussein de Jordanie venu déguisé.

Lorsqu'elle chantait Al Atlal, Un superfoufan marocain, emporté par le passage «Hal raa lhoubbou soukara», se jette sur les pieds d'Oum Kalthoum pour les embrasser.

Mais Gamal Abdel Nasser est mort le 28 septembre 1970. La recette d'Oum Kalthoum pour l'effort de guerre servira plutôt à Anwar As-Sadate pour faire la victoire de la guerre du Kippour, du 6 au 24 octobre 1973.